lundi 18 juin 2007

histoire du chateau de Lacroix-Falgarde

Au début du XVIème siècle, à la Croix, le chapitre de l’église Saint-Étienne possédait un vieux château , un moulin à eau et une métairie. C’est ce domaine noble, cette seigneurie, que François Delpech acquiert le 1er Octobre 1569 pour 31 600 livres, achat logique dans la mouvance économique de cette époque où le pays toulousain est accaparé dans un rayon de vingt kilomètres par la bourgeoisie urbaine.

En 1568, un an avant l’achat de la seigneurie de la Croix, le capitoulat lui confère la noblesse. En 1569, il devient seigneur de la Croix et de Falgarde. Il est donc anobli à la fois par sa fonction locale et par l’acquisition de terres nobles qu’il complète par l’achat de la métairie de Falgarde en 1574. Cette ascension sociale s’explique par l’enrichissement rapide de la bourgeoisie urbaine toulousaine procuré par le commerce du pastel.

François Delpech mène grand train de vie. Il veut que son intérieur, son mobilier, sa vaisselle, soient dignes de son rang et que sa femme, les jours de réception, puisse étaler bijoux, toilettes, etc… Il se déplace dans un carrosse rapporté de Paris. Dans son livre journal (livre de comptabilité), on peut constater ses dépenses impressionnantes, par exemple lors de ses nombreux voyages, en particulier à Paris pour être reçu officiellement Trésorier de France.

Créancier de sa famille, de sa ville, de sa province, il prête aussi de l’argent au Roi de France. La fortune, les relations qu’il entretient, la ferveur catholique, l’appui apporté au Roi et aux États pendant les guerres de religion, lui permettent d’acheter la charge de Trésorier de France (1571) qui lui procure respectabilité et honorabilité .

En 1578, il devient « Général des finances ». Le seigneur de Lacroix « chevalier, conseiller du roi et trésorier général de France en la généralité du Languedoc », se devait de posséder un château de belle apparence et confortable. Le bail à besogne, qui figure dans les minutes du notaire Delabonne, permet de connaître avec précision la date du début des travaux.

Le marché que François Delpech conclut le 26 janvier 1574 avec les maçons Ramond de Vaulx et Ramond Huffernenc nous apprend que le château sera construit « en telles longueur et largeur », d’après les directives qu’il leur donnera. Les fondations auront deux cannes de profondeur (3.60m) et les murs jusqu’au second étage auront trois cannes de haut (5.40 m) et deux tuiles et demie d’épaisseur.

Les maçons devront construire les piliers qui porteront les cheminées, tailler les pierres qui encadreront les « vues » des caves, les portes et fenêtres des deux étages et tailler aussi les arêtiers et la charpente « des tours qui seront aud. Bâtiment suivant les angles ». La façon des murailles sera payée à la canne carrée. Les deux artisans seront logés et nourris sur place avec leur famille, mais ils devront « vaquer sans discontinuité aud. travail jusqu’à entière perfection ».

En juillet 1574, François Delpech fait apporter à La Croix 204 000 briques. Les fondations des deux tours, des galeries et des murailles sont bâties. En 1580 , le château est habitable et le montant des travaux s’élève à 5 154 livres. La muraille du portail d’entrée est terminée. Le vieux corps de logis appelé « le castel viel » est démoli. Un puits est creusé dans la cour basse. Le propriétaire fait livrer, selon son livre de compte, quatre lits garnis, quatre tableaux peints à l’huile, divers meubles, le tout pour 1718 écus.

La construction du château avait duré six ans, elle avait donc été rondement menée. Mais à cette époque, vers 1580 donc, au moment où le château devient habitable, la situation financière de François Delpech se détériore en raison de la crise du commerce du pastel, crise d’une extrême gravité dans les dernières années du XVIème siècle, ce qui l’oblige à réduire son plan initial. Il laisse en suspens le deuxième étage prévu dans le bail et la construction de la tour nord-est.

La monographie de Lacroix-Falgarde écrite par un instituteur de la commune, Dumas, en 1885, présente le château n’ayant que deux tours réalisées sur quatre et sa façade inachevée dans sa décoration. Roger Camboulives dans l’Auta indique que seules deux tours existent aujourd’hui façade sud-ouest sur le parc (dont celle du nord ruinée intérieurement). Les deux autres tours, façade nord-est, ne sont représentées d’après lui, que par des traces de maçonnerie : celle du nord aurait été abattue pendant la Révolution, celle du sud jamais construite.


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