lundi 18 juin 2007

Le pont metallique de Lacroix-Falgarde

Achevé en 1902, cet ouvrage est l'un des plus ancien pont métallique qui existe encore dans le département de la Haute Garonne. La brique et la pierre sont utilisés comme matériaux de construction pour les piles et les culées, le treillis étant réalisé en acier. On notera que la technique de maçonnerie utilisée est la pile fondée sur caisson à air comprimé.

L'ouvrage fût réalisé par l'entreprise Kessler et Cie. Cette maison, fondée en 1824 par Pierre Joly et installée à Argenteuil dans le val d'Oise fût l'une des premières entreprises industrielles dotée d'une fonderie avec machines outils, capable de produire des superstructures métalliques importantes.

Modeste serrurier forgeron né à Plailly, village de l’Oise en 1801, Pierre Joly s’était spécialisé dans les essieux pour voiture à cheval. Joly est bien secondé par son fils et ses gendres. L’un d’eux, Delafoy lui apporte ses capitaux en vendant son étude de notaire pour le développement de l’entreprise. Son autre gendre César Jolly, est un ingénieur avisé et véritable chef d’entreprise. Pour le seconder, il peut compter sur son fils Théophile. Leur forge prend rapidement de l’extension, le fer constituant le matériau de pointe pour le développement des transports et de la construction.

Les charpentes des Halles centrales de Paris, dessinées par Baltard, et construites par Pierre Joly en 1854 sont le point de départ de sa célébrité. L’industriel se trouve à la tête d’un des premiers établissements de France. A son actif, l’on retient la couverture des gares de chemin de fer du Nord et de l’Ouest à Paris, de la gare de Strasbourg, les grilles du Palais de Justice et de l’Eglise Sainte-Clotilde à Paris. Décoré de la Légion d’honneur par Napoléon III (qui visite les ateliers argenteuillais en août 1852), Pierre Joly s’éteint en pleine gloire en 1862.

Ses successeurs (César Jolly, Delafoy et Théophile Joly) prennent la relève. Les halles Baltard sont achevés en 1866. Entre temps, l’entreprise crée un des premiers marchés métalliques de Paris, le marché du Temple, soit 6 pavillons en fonte. Suivront les Halles de Rouen et Lille, le Palais du Trocadéro en 1878 (détruit en 1937), les halles de la gare Saint Lazare sont prolongées en 1889 et 1928. Suivront aussi de nombreux ponts métalliques en Algérie, au Sénégal, en Egypte et en France.

En 1893, la continuité est assurée par la famille Kessler en association avec Emile Nouguier, brillant ingénieur des mines et ancien de la maison Gustave Eiffel, qui participa activement à la construction de la Tour pour l'exposition universelle de 1889, et qui supervisera notamment la construction en 1897 du pont de Saint-Louis au Sénégal, plus connu sous le nom de "Pont Faidherbe".


En 1898, après la mort d'Emile Nouguier, les établissements Kessler et Cie continueront à réaliser de nombreuses oeuvres d'art, dont le pont métallique de Lacroix-Falgarde, qui témoigne aujourd'hui d'un passé industriel glorieux et qui pourrait sans nul doute, se vanter d'être le digne descendant d'un des piliers de la "Tour Eiffel".

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